BLUE CLOUDS ∞ Les nuages d’un blanc cotonneux semblent se moquer de toi, et la brise que souffle le vent te murmure à l’oreille une mélodie qui laisse un sourire naturel et mutin se dessiner sur tes lèvres légèrement sèches. Le sel a enlevé la douceur de tes lèvres pour un gout de l’aventure auquel tu n’as jamais su renoncer pas même du haut de tes douze années. Un temps où malgré une certaine dose d’insouciance tu sais de quoi sera forgé demain, au contraire de ton petit frère qui du haut de huit ans possède tout ce qu’il y a de plus authentique à l’enfance. Vous êtes tous les deux biens différents de l’un et de l’autre. Tu as su héritée de ton paternel toute la vigueur, l’endurance et les traits de caractères requis pour devenir un pêcheur tandis que Hiram avait su captiver la douceur et l’art de la connaissance de votre mère. Aucune envie ne s’imposait à toi, si ce n’est que chacun d’entre vous savez à sa propre manière apporter son lot de qualités et de défauts. Allongée sur le dos sur les chaleureux grains de sables chauds, tu observes le ciel d’un azur limpide et clair en laissant des pensées de libertés s’éprendre de ton être. C’est un second souffle de vie que tu ne partages avec personne d’autre que ta conscience personnelle. Tu tends la main droite vers le ciel comme pour tenter d’attraper les filets de nuages qui semblent être si proches et pourtant si lointains à la fois, et tu souris à cette idée ridicule mais tellement plaisante. Ta tranquillité d’esprit demeure sans équivoque aussi blanche que les plumes d’une colombe, et la houle des vagues qui vient s’échouer sur le rivage berce cette quiétude que tu apprécies depuis que tu es en âge de la cerner et de l’apprivoiser. « Si jamais tu continues à rêver aux corneilles on n’est pas près de ramener de quoi manger ce soir Belette. ». Cette assertion moqueuse et rationnelle à la fois ne tomba guère dans l’oreille d’un sourd, et cette voix coutumière à ta connaissance te fis poser les yeux sur un adolescent, qui du haut de son mètre soixante-neuf te couvait d’un regard amusé et complice. Tu reconnaissais bien là Gidéon, celui qui t’accompagnait dans tes péripéties les plus loufoques et parfois relevant de malices et de défi. Sa tignasse cuivrée toujours en bataille avait le don de le faire passer pour un petit sauvageon des bois, tandis que son sourire de loup traduisait chez lui un certain charisme. Te redressant en position assise tu secoues négativement la tête d’un air las avant de serrer tes lèvres en une ligne mince. Tu vérifies le petit couteau accrochée à ta cheville avant de poser ton attention en visière sur ton camarade. « Tu es en retard, et tu sais aussi bien que moi que j’ai besoin de cette pause avant de chasser le poisson. ». Lui dis-tu d’une voix calme et sérieuse. Tu prenais très à cœur les nombreuses vertus de la nature et ce que cette dernière mettait à leur disposition. Ce rituel de quiétude et respect faisait partie de toi et avait toujours eu tendance à faire rire ton jeune ami – qui à force de temps avait compris ta matière à raisonner - . Sachant qu’il ne pourrait rien faire contre, Gidéon soupira avant de poursuivre d’une intonation taquine. « Je te propose qu’on se partage le butin aujourd’hui ? Je m’occupe de la rive droite en surface … ». « … Je m’occupe de celle de gauche en profondeur, avec le harpon ça va être du gâteau. ». Ton assurance en matière de pêche ne surprenait guère ton entourage car la plupart d’entre eux savaient combien tu avais héritée du don de ton père, pour autant ta perspicacité et ta ténacité te permettait sans le moindre doute de tenir tes objectifs et tes promesses la plupart du temps. Gidéon se contenta de sourire avec un air bohème qui lui était bien personnel alors que tu mélangeais son rire au sien. D’un signe de tête commun, vous preniez tous deux la direction des premières vagues de l’océan avant que tu ne disparaisses sous leurs mouvements impérieux. Faire corps avec la mer demeurait comme une seconde nature pour toi, mais c’est surtout dans cet élément que tu prenais vie, comme un poisson se faufile en dehors des filets de son prédateur.

EMERGENCE OF MEMORIES ∞ Ce n’est que de la noirceur enivrer de poison qui assaillit tes rêves, qui ne sont que des cauchemars purs et simples. Tu entends en écho à tes cris de douleurs, la voix de ta figure maternelle te hurlant de prendre sur toi pour protéger les tiens. Tu la revois sur cette place publique, les mains liées, le corps abimé, les joues ruisselantes de larmes, vous faire face avec malgré tout ce sourire aimant sur ses traits doux et confiants. Elle sait que cela sera sa toute dernière heure et qu’elle ne tient pas qu’à un fil mais seulement en une poignée de secondes. Les pacificateurs l’entourent de toute part, tu entends leurs fusils s’armer et prêt à tirer. Les hurlements des habitants et des proches ayant connus ta figure maternelle s’expriment avec véhémence dans la foule entourant la place publique alors que les pacificateurs tentent de contenir les protestations. Tu ne cesses de fixer ta mère d’une expression vaincue et désarmée. Un premier coup de fusil, puis un deuxième. Tu sors de son sommeil avec brutalité, le souffle saccadé presque erratique. Tu sens des perles de sueur coulaient le temps de ton échine, et tu rends compte quelques minutes plus tard que tu trouves dans la cabane de ton enfance, seul période certaine de ton existence. Encore une fois malgré la fatigue que porte ton corps entier, tu n’as guère trouvé le repos salvateur tant espéré. Passant une main dans ta chevelure légèrement ondulée par son désordre, tu la laisses s’attarder comme atténuer tout la confusion qui règne dans ton esprit. Ce dernier n’est régit que par une pensée, les règles et les fondations érigées par le Capitole. Ta vie ne ressemble plus à rien qu’à un fil conducteur tel une machine dont les programmations demeurent déjà préétablies à l’avance. Tes prunelles se ferment et tu tentes de retrouver ton calme en maitrisant ta respiration afin qu’elle recouvre un certain rythme de battement. Des minutes ne suffisent guère à t’apaiser, la seule manière pour toi de faire le vide et de prendre le large. T’extirpant de ton lit de fortune, tu avances à pas feutrés en direction de la porte principale. La maisonnée que tu as toujours connue est déserte et plongé dans le noir total. Un sentiment de solitude t’envahit, et tu presses tes lèvres en une ligne mince pour contenir se flot d’émotions qui ne cessent de te submerger depuis ton retour du Capitole. Tu sembles avoir tout oublié, être perdue entre deux eaux alors que c’est cet élément qui t’a toujours permis de te sentir envie. Ta mémoire semble te revenir par de bribes de souvenirs à la fois flous et douloureux, et tu doutes. Tu doutes de tout et la confiance s’effrite comme un mur inflammable mais en dépit de tout tu tentes de résister. Tu sais que la nuit il n’est pas conseillé de sortir mais tu as besoin de cet air marin qui te remémore une trace de coutume dans ton existe. Une dualité s’affronte au plus profond de ton être, un combat entre vérité et mensonge. Le temps glacial au dehors te ramène avec sévérité à la réalité. Tu te rends compte alors que tu as marché jusqu’au bord de la plage, et comme vaincu par tes démons intérieurs tes jambes se dérobent sous ton poids. Ramenant tes jambes sous ton corps, tu observes avec un silencieux lointain les vagues qui s’échouent le long du rivage. Seul le bruit apaisant et ravageur des vagues parviennent à te calmer. « Meade ? Mon dieu mais qu’est-ce que tu fais dehors à cette heure tardive de la nuit ?! ». Tu pourrais rester ainsi des heures sans te mouvoir, et même lorsque tu entends sa voix ne bouge pas l’ombre d’un millimètre. Cette voix, ce timbre d’exclamation t’aurait autrefois soufflé à l’oreille le lien qui vous unissait, mais aujourd’hui c’est juste son prénom et l’ombre de sa personne qui t’effraie et qui te fuit à la fois. Mason s’approche de toi avec douceur et précaution comme si tu étais folle et sans vie. Fragile mentalement – surtout à cause de ton insomnie et ta mémoire dite altéré selon certains – tu peines à croire l’éventualité que l’on ait pu interférer ta mémoire. Tes prunelles d’une teinte brumeuse expriment une détresse silencieuse qui semble se refléter dans le regard ambré de ton interlocuteur. Son expression faciale traduit une sensation d’inquiétude et de fatalité que tu n’as encore jamais mais que tu sembles petit à petit découvrir. « Meade. ». Souffle-t-il à ton égard à plusieurs reprises, mais tu ne sembles guère réceptive comme tétanisé pour le jeune homme qui te fait face. S’agenouillant en face de toi, il répété encore ton appellation d’une manière calme et soucieuse et c’est lorsqu’il dépose sa veste sur tes épaules que tes yeux parviennent son attention. Un silence presque apaisant s’impose à vous, un moment de quiétude que tu cherches à préserver depuis des mois. Ton palpitant s’affole le tout entre peur et doute alors qu’il glisse doucement une main sur ta joue. La chaleur de sa peau s’évapore sur ta joue et tu en ressens un bien être soudain bien qu’implicite. « Je ne vais pas te faire de mal … apprend seulement à me faire confiance, comme tu le faisais auparavant. ». Tout comme ton meilleur ami, il t’exposait la vision d’un antérieur et d’un présent sans jamais parler de futur. Ces paroles étaient mesurées et prononcées avec une douceur qu’il n’avait jamais eu envers ta personne, pourtant tu le voyais souvent aux alentours de tes proches. Tu ne cessais de le toiser avec une certaine hostilité mais aussi un certain intérêt qui te rendait étrange à l’intérieur. Derechef, tu baissas soudainement le visage alors que sa main t’intimer avec une certaine bienveillance à le relever. Vous visages étaient proches lorsqu’il esquissa un maigre sourire aux coins des lèvres, et sans crier garde un filet de brouillard remonta a la surface de ta mémoire. Mason, ce jeune homme du district quatre y figurait et c’est le sourire aux lèvres qu’il te serrait dans ses bras, toi l’être qui avait toujours refusé les attentions tactiles ou synonymes de tendresse.