Froid…
Il fait si froid alors que la neige recouvre le sol. Les flocons nous narguent, flottant librement mais ce qui console, c’est qu’au final ils chutent aussi. La neige est quelque chose qui purifie la nature, la rend neutre. Tout n’est que beauté sous la neige, pas de triche, juste une parfaite combinaison de la nature et de ce que le ciel envoi.
J’ai toujours aimé cela, c’est comme une renaissance pour moi, la neige nettoie tout, elle emporte tout et ne laisse sur nous qu’un profond désir de renouveau et de paix.
Mais cette fois-là c’est différent. C’est totalement différent lorsque la beauté devient horreur.
Je regarde autour de moi et ce n’est que traumatisme qui m’entoure. Il y a des corps partout, des hurlements suspendus dans l’air lourd. La neige d’un blanc si pur se retrouve souillée par le sang qui coule encore et encore. La mort ne cesse pas la souffrance, surtout de ceux qui restent.
Froid…
J’ai si froid aux mains alors que je suis agenouillé, les mains sur le torse de mon père que je secoue encore et encore… Mais c’est trop tard. Il y a trop de sang, il est trop blafard, ses yeux sont trop vides pour qu’il puisse être encore en vie. Je regarde le corps de ma mère à côté de lui ainsi que l’une de mes sœurs, Ria. Je n’ai même pas réussis à les protéger comment je peux être encore en vie alors qu’elles méritent tellement plus ce cadeau que moi… Mais le pire est d’avoir perdu ma petite sœur, Robyn… Je ne sais pas où elle est, elle est peut être morte.
Je me souviens lui avoir hurlé de courir, de lui avoir ordonné de s’enfuir et elle a obéit… Bien sûr que je suis fier d’elle, mais j’ai tellement peur de ne jamais la retrouver.
Les larmes coulent sur mes joues, inlassables elles ne le laisse aucun moment de répit. Je sens son regard sur moi, je sens son ombre menaçante sur mes épaules, et moi, abattu et détruis j’attends le coup fatal… Qui ne vient pas.
Je relève la tête pour regarder le Pacificateur qui m’observe. Son air est grave, sa mâchoire est crispée et il semble si violent… Mais c’est son regard, son regard doux, mêlé à l’horreur qui me montre qu’il ne me fera rien… Et je me dis que ce n’est pas un Pacificateur pour rien, il est tellement plus horrible de me faire souffrir à long terme que de m’offrir la mort qui me semble si douce aujourd’hui.
Il se retourne et part, me laissant ainsi entouré des morts. Là est ma punition pour avoir échoué, là est ma punition pour avoir été si faible et pour ne pas avoir été assez réfléchis…
La nuit commence à tomber mais je m’en moque. Je me laisse tomber sur le sol duveteux, la neige me refroidissant. La lune se lève et moi, je grelotte contre le corps inerte de mon père, de ma mère et de ma sœur. Il n’y a qu’ainsi que j’ai l’impression de me sentir complet. Je ne dors pas, mes dents claquent, mes larmes se transforment en glace sur mes joue, je ne sens plus mes jambes et encore moins mes doigts.
Froid.
Tout est froid en moi, que ce soit physique ou mental. Je n’ai plus la force à rien et je me demande si ce n’est pas le froid qui va m’achever après de longues heures d’agonie.
C’est la nuit la plus longue de toute ma vie, je ne ressens plus rien, le froid a tout gelé, la mort à tout détruit, et pourtant alors que mon regard se porte sur les étoiles, une once d’espoir apparaît.
Mon père adorait me raconter des histoires, sa préférée était de me raconter que la mort est la fin sur la Terre, la fin de nos enveloppe charnelle, mais que notre âme s’envolait afin de devenir étoile. C’est pour cela que les étoiles existent, elles sont les guides des Hommes passés pour les Hommes actuels.